J’aboutis au cœur de mon imaginaire. Ce maudit Pont Croche qui m’obsède depuis ma toute première journée dans Granville, ben me voilà en dessous. Pas que je m’en sois projeté pour m’écraser ici, ce qui aurais pu, mais parce que j’habite sous son ombre, dans la station de pompage à Craig, l’homme à cause de qui on a crochi le pont.
C’est comme si cet endroit m’était destiné; ma vie j’ai eu peur de me ramasser à la rue. M’y voilà. N’allez pas croire que ça me réussisse si mal! C’est que j’ai toujours été débrouillard. Je ne m’ennuie pas, je vous écris. Je ne suis pas sans abri, j’ai la station de pompage qui m’abrite, oubliée, ce qui m’habille parfaitement, On m’oublie et ça aussi ça fait mon affaire. J’ai des voisins pour roucouler, les pigeons. J’ai leurs fientes pour me chauffer si je les compresse bien. Leur poitrine pour me nourrir, quelquefois, l’hiver, quand la quête n’a pas bien été. Ou qu’il faisait trop froid pour sortir. Somme toute, ma vie est assez bien réglée, sans trop de comptes à rendre et surtout, sans aucun compte à payer.
3 commentaires:
Qu'ess tu fais ? j'arrive pour un café et je me vois sur ta page...
Euuuh..
Patience, le café n'est pas encore très buvable, mais j'y travaille. Du beau jardin botanique. Pour un gars de la rue, c'est le grand luxe de dormir au Jardin des premières nations.
Sacré bonheur que tu te mette à écrire ici-dans.
Laisse faire le café. Donne les mots, c'est de ça que je mange et m'abreuve.
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